Ouagadougou, le lundi 27 mai 2019
Je voudrais, avant tout propos, exprimer à cet instant solennel, tout l’honneur qui est celui de mon pays, d’abriter la cinquième conférence biennale de l’Association des services correctionnels d’Afrique. A l’idée de savoir que c’est la première fois que la conférence de l’ACSA se tient dans l’espace francophone, le Burkina Faso est davantage honoré.
A nos hôtes venus des quatre coins du monde, je vous souhaite la bienvenue. Vous avez quitté chez vous et vous êtes chez vous ici au Burkina Faso.
En acceptant d’abriter cette cinquième conférence de l’ACSA, le Burkina Faso réaffirme le grand intérêt qu’il accorde aux questions de justice en général et celles de justice pénale de façon spécifique. Sur l’intérêt à accorder aux questions pénitentiaires, comment ne pas rappeler ces propos de Nelson MANDELA : « Il ne peut y avoir plus vive révélation de l’âme d’une société que la manière dont elle traite ses enfants. ». Oui, comment traitons-nous nos enfants, ceux qui sont libres et ceux qui sont privés de leur droit d’aller et de venir ?
Cette interpellation mérite, pour chacun de nous, une sérieuse introspection tant la problématique liée à la vie carcérale nous concerne tous de près ou de loin.
Pour ma part, ma conviction est établie depuis longtemps sur le fait qu’en tant qu’institution, la prison doit pouvoir donner lieu à des réflexions dans des cadres stratégiques comme celui de l’ACSA.
C’est donc à juste titre que je mesure la pertinence de la thématique sur laquelle les échanges de ces jours vont porter.
En effet, vous avez choisi comme thème de la cinquième conférence : « Approfondir les réformes dans les systèmes pénitentiaires africains : un objectif important », un tel thème remet au goût du jour la question des réformes à opérer dans ce qu’il convient, au regard des enjeux, de qualifier de secteur pénitentiaire.
Résolument engagés à aller vers des réformes sérieuses des systèmes pénitentiaires des Etats membres de l’ACSA, il nous faut réaliser que la problématique liée aux prisons est transversale. A cet égard, comment en parler sans ne pas questionner ou jeter un regard analytique sur les autres secteurs de notre société ?
Réfléchir sur la prison, c’est voir du côté de la santé, de l’alimentation, du logement, de l’éducation, de l’emploi, …
En somme tous les compartiments de la société sont interpellés sur ce sujet.
Je me réjouis donc de ce que cette rencontre constitue une opportunité d’échanges entre acteurs étatiques, intervenants pénitentiaires, experts nationaux et internationaux ainsi que les acteurs de la société civile intéressés par les questions de détention.
Distingués invités,
Mesdames et Messieurs,
Chers participants,
Dois-je le rappeler, la prison compte certainement parmi la plus vieille des institutions ayant traversé le temps. Si à ce jour, l’institution existe toujours, c’est bien parce qu’elle fait l’effort de rester dans l’air de son temps. Ainsi, pour s’adapter aux nouveaux défis notamment institutionnels, normatifs, sécuritaires ainsi que ceux liés au respect des droits de la personne détenue, les systèmes pénitentiaires doivent opérer continuellement des réformes. A travers le thème de cette biennale, j’ai bon espoir que de vos échanges, résulteront des réflexions utiles à la consolidation de systèmes pénitentiaires justes, capables et efficaces.
Distingués invités,
Mesdames et messieurs,
Chers participants
En ce qui concerne mon pays, le Burkina Faso, il me plait de relever, qu’il est résolument engagé dans la réforme du son système pénitentiaire. Pour preuve, la Politique sectorielle « Justice et Droits humains » (PSJDH) 2018-2027 s’est fixée pour, entre autres objectifs stratégiques « de contribuer à assurer la sécurité publique tout en favorisant la réinsertion sociale des détenus. Les effets attendus de cet objectif sont l’humanisation des conditions de détention, le renforcement de la réinsertion sociale des détenus et l’amélioration de la gestion de l’administration pénitentiaire. » Si les cadres de planification au niveau national offrent d’heureuses perspectives pour l’amélioration des conditions carcérales, je nourris le ferme espoir qu’au contact des autres systèmes, il sera possible d’enrichir mutuellement nos cadres de planification en matière de réformes de nos systèmes pénitentiaires.
Distingués invités,
Mesdames et Messieurs,
Chers participants
Au-delà de tout, la rencontre de l’ACSA qui se tient ici à Ouagadougou est le symbole d’une Afrique qui veut s’assumer. Ce cadre de concertation régional, ajouté à bien d’autres, fonde mon espoir, celui d’une Afrique résiliente, faisant face à son destin et solidaire pour un développement humain et durable.
Chers participants,
C’est nourri de cet espoir, que je voudrais terminer mon propos sur ces mots de l’écrivain français Yves Simon qui invite à faire en sorte que la prison cesse d’être une blessure pour les corps, pour les esprits et un mouroir des espoirs en faisant preuve d’audace pour transformer en profondeur nos prisons et redonner aux peines sens et efficacité.
Sur ce, je déclare ouverte la cinquième conférence biennale de l’Association des services correctionnels d’Afrique.
Je vous remercie !
Bessolé René BAGORO
Ministre de la Justice, Garde des Sceaux
Officier de l’Ordre de l’Etalon